Je n'ai pas encore fait le tour des films qui m'ont donné envie d'habiller les femmes. Ce ne sont pas tous de grands Chef-d'oeuvres mais il est de ces héroïnes qui trottent dans l'esprit bien des années plus tard...
Dans son roman, Marguerite Dumas nous donne une leçon : comment être belle et féminine, avoir son propre look quand on est une adolescente très pauvre, rebelle, venant d'une famille bancale et qu'on vit en 1930 dans une société où les codes sociaux ont le pouvoir de vous bannir.
"Je porte une robe de soie naturelle, elle est usée, presque transparente. Avant elle a été une robe de ma mère, un jour elle ne l'a plus mise parce qu'elle la trouvait trop claire, elle me l'a donnée. Cette robe est sans manches, très décolletée. Elle est de ce bistre que prend la soie naturelle à l'usage. C'est une robe dont je me souviens. Je trouve qu'elle me va bien. J'ai mis une ceinture de cuir à la taille, peut-être une ceinture de mes frères. Je ne me souviens pas des chaussures que je portais ces années-là mais seulement de certaines robes. La plupart du temps je suis pieds nus en sandales de toile. Je parle du temps qui a précédé le collège à Saigon. A partir de là bien sûr j'ai toujours mis des chaussures. Ce jour-là je dois porter cette fameuse paire de talons hauts en lamé or. Je ne vois rien d'autre que je pourrais porter ce jour là, alors je les porte. Soldes soldées que ma mère m'a achetés. Je porte ces lamés or pour aller au lycée. Je vais au lycée en chaussures du soir ornées de petits motifs en strass. C'est ma volonté. Je ne me supporte qu'avec cette paire de chaussures-là et encore maintenant je me veux comme ça, ces talons hauts sont les premiers de ma vie, ils sont beaux, ils ont éclipsé toutes les chaussures qui les ont précédés, celles pour courir et jouer, celles de toile blanche.
Ce ne sont pas les chaussures qui font ce qu'il y a d'insolite, d'inouï, ce jour là, dans la tenue de la petite. Ce qu'il y a ce jour là c'est que la petite porte sur la tête un chapeau d'homme aux bords plats, un feutre souple couleur bois de rose au large ruban noir.
L'ambiguïté déterminante de l'image, elle est dans ce chapeau. "
Jean-jacques Annaud, même s'il se sert de l'histoire d'amour du roman comme d'un prétexte (très) simplifié pour réaliser son film en 1992, laisse des images qui font voyager.
Sans soutien-gorge sur les routes cabossées du Vietnam, c'est un effet de style de plus chauds. Pour info les premiers soutiens-gorge sont apparus vers 1880 mais le port du soutien-gorge en bandeau s'est généralisé dans les année 1920, avec la mode de la garçonne, car il aplatissait les seins. C'est dans les années 30 qu'apparait le concept de bonnets dans différentes tailles.
La veste de son amant sur les épaules pour qu'elle ne prenne pas froid... ou comment faire un un clin d'oeil aux années 80 dans un film tournée en 1992 se déroulant dans les année 30...
Marguerite Duras n'a pas aimé l'interpretation de Jean-Jacques Annaud et réecrira l'histoire sous le nom d'un autre roman : L'amant de la Chine du Nord. J'imagine qu'elle n'aurait donc pas aimé que j'appuie son texte avec les images du film...
A suivre dans NO SPOILER : La Boom . Pour boucler la trilogie sur l'adolescence mais ne pas (encore) en finir avec les années 80.
Sources :
L'amant, Marguerite Duras. LES EDITIONS DE MINUIT, 1984
100 idées qui ont transformé la mode, Harriet Worsley. Editions du Seuil
Les images ont été extraites du DVD L'Amant, aux Editions Pathé
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